Les sentiments du vent.
Souvent le vent souffle chez moi. Il me chante ses sentiments ; il me charme. Il me caresse et m'embrasse ; me séduit, me pourchasse. Il me susurre sa persistance, me confesse son désir. Mais je repousse son impatience, trop vive, trop intense. Alors, devenu glace, il se vexe, s'insurge de mon refus. Il enfle et se boursoufle, s'engouffre dans mes cheveux. Je suis une feuille dans sa folie qu'il chiffonne à sa guise. Je deviens girouette qu'il désaxe et déstabilise. Il siffle et me harasse, me gifle et puis me casse. Il se hérisse, feule, croasse : conspire mon agression. Il se déchaîne et déchire le son, hurle sa frustration. Il souhaite me désosser, pense à m'asphyxier : il aspire à venger ses émotions froissées. Mais si je cille, chancelle ou chois, il cesse soudain et puis s'efface. Lâche, il se dissimule, me houspille et m'accuse. Honteux, il se cache, se faufile et s'excuse. Sous mon silence, il ressasse et geint ; son désespoir chuinte de ses blessures. Il revient et oscille, avant d'oser, doucement, me chuchoter sa convoitise. Je frisonne à son secret, me ravise, hésite face à sa franchise. Finalement, je concède : j'accepte et exauce son voeux. D'abord il flanche, soupçonne une illusion, suppose une hallucination. Mais je le persuade : je suis sûre de mon choix. Alors il fuse dans les airs ; il danse et virevolte ; et tout s'envole en farandole. Bouleversé, il redescend pou m'enlacer fébrilement. Je sens sa chaleur s'infiltrer dans mon coeur : il me chante ses sentiments. Oh que j'aime les hululements du vent.