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L'écume des rêves
24 octobre 2021

Épopée de l'angoisse.

[Juin]

Vorace et vide.

Aujourd’hui je suis ainsi.

Si vide.

Et donc très vorace.

 

Rien ne m’intéresse.

Mais un rien me terrasse. 

 

Je cherche à me combler :

Les saveurs s’éphémèrent.

Même si je mange sucré,

Seul dans ma bouche reste l’amer.

 

Vorace, je veux tout.

Vide, je ne veux rien.

Vorace, j’aimerais vouloir.

Vide, je n’aime rien et je n’aimerais rien et je n’aimerai rien.

 

Vorace, je      veux.

Vide,         ne           rien.

 

Vorace, je vis. 

                        Vide.

 

Vorace.

Vaurien.

 

Vide.

        Car avant plein.

 

Vorace de l’être de nouveau.

Vide d’ignorer comment le redevenir.

Vorace de penser pouvoir.

Vide de des espoirs.

 

[Juin]

La nuit, chez nous, le ciel est rouge. Les étoiles sont bleues et les chats sont gris.

Je ne veux pas dormir.

J’ai peur.

J’ai peur ?

Je ne veux pas dormir.

Comme une enfant, je veille.

Mes parents passent, je fais semblant.

 

Les parents passsent.

Un parent passe.

Plus qu’un. Et deux maisons.

Soit le père, soit la mère.

Le soir, ce ne sont plus les deux.

Je fais semblant. 

Je veille.

Je suis enfant.

 

J’ai peur.

Je repousse le sommeil.

 

Cette demi-mort.

 

Je suis déjà à demi-morte.

Le serai-je tout à fait si je m’endors ?

 

Peut-être.

 

Puis-je être ?

 

Je suis enfant.

Je veille.

J’ai décidé pour moi-même :

« Je serai. »

 

Là où je suis, le ciel est rouge.

Et quand je pleure, les chats sourient. Les souris dansent.

 

Je supplie du silence.

 

Je me consume de violences et d’idéal.

 

Je pleure plus.

Deviens létal.

 

Mes grands-parents vivent.

Moi je décrépis.

 

Je décrépis déjà tout au fond de mon lit.

Je sens la mort peuser pas à pas.

 

Je n’ai rien construit.

Je ne construirai peut-être pas.

 

Peut-être.

 

« Je serai. »

Mes désirs sont puérils.

Et je n’accomplis rien.

 

Et même si je deviens,

Toute chose est futile.

 

Je vis en vain.

 

 

Et pourtant le sommeil m’effraie.

J’ai peur que Morphée m’asphyxie. Je n’ai plus envie.

Un autre jour.

Ça fait peur.

 

Un autre jour avec moi.

Je ne suis pas gentille.

Je suis juste angoissée.

 

 

Et quand je pleure, il sourie.

 

 

Et quand je demande de l’aide, ils ne m'écoutent pas.

Ils m’abandonnent.

Ils ne me protègent plus.

Ils ne me protègent plus

                                           de moi.

 

Et pourtant ils agréent :

« C’est une marque de maturité de demander de l’aide.

Les adultes aussi ont leurs problèmes. »

Oui, tout à fait...

Je peux partir Victoria.

Ils ne t’écoutent pas.

 

Je suis déjà à demi-morte.

Le serai-je tout à fait, car je m’endors.

 

L’enfant recueillie par Morphée se meure dans ses bras.

Elle allume une lumière et brûle ses ailes.

Le papillon veille.

Peut-être.

 

[Août]

Je sens la peur. Elle me grignote de l’intérieur. Doucement, sûrement, vicieusement ... Elle mord, arrache la chaire, et mon estomac se contracte, et elle le dévore. Elle fait son nid. 

Puis elle s’agrippe et monte. Elle griffe les parois et saccage ma gorge. Elle mordille mon cerveau, fait couler quelques larmes, et redescend. Là elle somnole.

Et quand je mange, elle mange ce que j’avale. Et quand je dors, elle m’aspire des cauchemars. Elle fête mes insomnies, m’inspire des gourmandises, elle dit que manger la soulagera. Et je mange, j’avale, je me gave. Elle festoie.

Mais son appétit ne finit pas.

C’est un parasite.

Elle mourra avec moi.

Elle ne me quittera pas.

 

C’est un feu ardent que mes poumons aèrent. Ce feu s’agrandît si je vie. Il me dit : « Es-tu seulement digne de cette tâche ? Ne te prends-tu pas pour ce que tu n’es pas ? À jouer aux apprentis sorciers. Tu ne fais que de la boue. De la merde. Et tu veux leur faire croire que c’est du chocolat. N’écris plus, n’écris pas. Tout est d’avance perdu, si c’est avec toi. » Je l’écoute. Hypnotisée, je m’arrête... Et j’attends. J’attends un quelconque secours. 

J’hyperventile, et le feu crépite de plus belle : « Et tu ne fais pas ce que tu dois faire. Ce qu’on te demande, ce que tu te demandes. Ce que tout le monde attend de toi. Et ça te déçoit. N’attends plus rien, abandonne tout. Ou rappelle-toi que tu attends toujours, aussi lâche que faible. »

Je pleure, et s’assèche mon intérieur.

Le nid prend feu, l’incendie brûle et chante au cœur : « Bon à rien, vide et vaurien. Tu ne vis de rien, tu ne vaux rien. Crains moi, je suis vorace même si tu n’es rien. »

 

Mon cœur est cendres, l’incendie est passé. 

 

Apathique, je ne fais plus rien.

Un jour l’envie grandie, je veux enfin.

 

Je respire à nouveau.

J’ai un peu faim.

 

Je tourne le dos au Styx,

Je veux tout entreprendre.

 

Mais la peur est phénix.

Elle renaît de ses cendres.

 

[Août]

Elle est si bien.

Elle se sent si bien en vacances.

 

Elle ne veut pas de la rentrée.

« Le futur ne peut-il pas attendre ? »

Elle ne veut pas retravailler.

« Mon futur ne peut-il pas attendre ? »

 

Elle nie la gestation des jours.

Elle nie les maux de ventres.

Elle maudit tous les jours.

Mais, au final, elle rentre.

 

Elle visualise bien :

L’exaltation des rencontres,

Les premières semaines d’adaptation,

Puis le stress qui monte,

Elle ploiera sous la tension.

 

Elle n’est pas pessimiste,

Elle observe juste les années précédentes,

Elle observe l’augmentation de la cadence,

Le niveau - toujours plus haut - de ses attentes.

 

Elle travaillait pendant des heures.

Elle pensait et ressasait.

Elle pleure.

 

[Septembre]

Rentrée scolaire,

Le fourmillement des élèves 

Me terrifie.

 

Rentrée scolaire,

Des milliers de mains sur les livres,

Le savoir chante.

 

Rentrée scolaire,

Reviennent me hanter

Les spectres du passé.

 

Rentrée scolaire,

La musique des stylos

Le savoir change.

 

Rentrée scolaire,

L’espoir du changement

Est enivrant.

 

Rentrée scolaire,

L’exaltation dans l’air

M’asphyxie.

 

Rentrée scolaire,

Des sourires, des baisers

Sur les bouches.

 

Rentrée scolaire,

Leurs voix ont polluées

La musique.

 

Rentrée scolaire,

Ce ballet des bouffons

J'y joue.

 

Rentrée scolaire

Dans le bus j’étouffe 

Et je meurs.

 

Rentrée scolaire

Mes affaires s’éparpillent

Je pleure.

 

Rentrée scolaire,

Le changement est lent,

J’ai peur.

 

Rentrée scolaire,

Fais-je les mêmes erreurs ?

« Toujours au mieux »

 

Rentrée scolaire,

Mon corps est l’esclave

De fantômes.

 

Rentrée scolaire,

Cette cacophonie de toutes parts

M’accable.

 

[Septembre]

Je m’ennuie - non.

         Je ne veux pas faire.

Je veux dormir.

                          Mourir.

Mourir momentanément.

                                           Dormir.

Je n’aime pas. Je le sens, ma bouche tirée vers le bas. La gravité m’arrache ce que je n’ai pas : 

                                                                 un sourire.

 

Mourir.

            Dormir.

                         Veiller.           et Rêver.

 

Je rêve.

Le malaise ferme mes paupières. Je veux les ouvrir, je suis aveugle.

Ils bougent, paniquent, s’agitent.

Mouvements rapides.

 

Je rêve.

Je vois des silhouettes blanches sur un fond de chair. 

Je rêve.

Les ombres sont inversées en ce monde sans lumière.

 

Je rêve.

 

De la peau caresse la mienne,

Une étincelle se pose sur mes yeux.

Des mains enserrent mon cou,

Je suis ravagée par le feu.

 

Et l’on m’agrippe de toute part.

On déchiquette mon présent.

Les fantômes d’antan 

Se rient de mon cauchemar.

 

Impossible d’ouvrir les yeux,

Les larmes coulent à l’intérieur.

Et l’on me dit adieux.

Et c’est déjà mon heure.

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  • Nos mots dansent. Leurs pas dessinent un océan de pensées, leurs chorégraphies sont l'aboutissement de vagues de réflexion et de sentiments. Nos mots dansent. Les miens sont l'écume de mes rêves.
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