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L'écume des rêves
8 janvier 2023

Nox est nostri

La nuit est un autre monde.

La nuit est nôtre.

 

[Juin 2021]

La nuit, chez nous, le ciel est rouge. Je ne veux pas dormir. J’ai peur.

Je ne veux pas dormir. Comme une enfant, je veille.

Je fais semblant. 

Je veille, enfant.

 

Je repousse le sommeil, cette demi-mort.

Je suis déjà à demi-morte.

Le serai-je tout à fait, si je m’endors ?

 

Là où je suis, le ciel est rouge.

Et quand je pleure, les chats sourient. 

Les souris dansent.

 

Mes grands-parents vivent.

Moi je décrépis.

(Quoiqu’en un an, l’un d’eux n’est déjà plus. Ces fleurs que j’aime tant sont trop près de mourir. Et la jeunesse me vole mon temps.)

 

Je décrépis déjà tout au fond de mon lit.

Je n’ai rien construit.

Je construirai peut-être. 

Peut-être.

Mes désirs sont puérils.

Et je n’accomplis rien.

(Tes écrits sont puérils, tu n'accompliras rien. Or, ce n'est pas un problème.)

 

Car même si je deviens,

Toute chose est futile.

 

Je vis en vain.

(Je vis du moins.)

 

Et pourtant le sommeil m’effraie.

J’ai peur, Morphée. J’ai peur d’asphyxier. (La nuit, j’écris encore.) Je n’ai plus envie.

Un autre jour. (Une autre nuit)

Ça fait peur. (et encore aujourd'hui)

 

Un autre jour avec moi.

Je ne suis pas gentille.

Je suis juste angoissée.

(Mes sourires sont réels, vos regards me font peur. Mes sourires sont réels, même quand je suis seule.)

 

Et quand je pleure, il sourit.

(Aujourd’hui, je ne m’emporte plus avec lui. Il sourira toute sa vie, le déni est sa protection.)

 

Et quand je demande de l’aide, les parents disent que je n’ai plus l’âge.

Ils m’abandonnent.

Ils ne me protègent plus

                                           de moi. 

Et pourtant ils agréent : « C’est une marque de maturité de demander de l’aide. Les adultes aussi ont leurs problèmes. »

Oui, tout à fait... Je peux partir.

Ils ne t’écoutent pas.

(Je ne les écoutai pas. Je n'entendais pas leurs problèmes, je ne comprenais pas leurs faiblesses. Je ne supportais pas leur inconstance, je ne les croyais à aucun moment. J'ai appris à écouter, depuis je me sens choyée.)

 

Je suis déjà à demi-morte.

Le serai-je tout à fait, car je m’endors.

(Tu savais comme je sais maintenant, nous tombons sous le poids de ses mains.)

L’enfant, recueillie par Morphée, se meure dans ses bras.

Le papillon veille.

 

[Octobre 2021]

Tu vois les bougies qui crépitent ?

Eh bien je ne crépite plus.

Je suis cette bougie qu’on a mise sous cloche.

Une pauvre fumée émane de moi, pleine d’obscures idées.

Je m’assomme d’histoires, je me détourne du vide.

Je fuis ce trou en ma poitrine, 

Du matin jusqu’au soir.

Et la nuit venue,

Je pleure seule dans le noir.

 

[Mai 2022]

Et leurs rires me sortent des larmes. Et leur voix me font taire.

Ils réveillent mes souvenirs, je les assomme, ils réveillent, j’assomme, ils réveillent, je ne dors plus. Ai-je un jour dormi ? La nuit je ne dors plus depuis longtemps, je grandis autrement, je grandis, ou je rétrécie. Je redeviens enfant car le jour j’ai perdu, perdu, et la lumière dans mes yeux, la lumière bleue, la lumière perfore mes yeux, les murmure arrachent mes tympans.

Eux tous les trois, moi à l’écart, par choix, à l’écrit.

 

[Août 2022]

« Suffer with me »

Sous le soleil et la lumière

Souffre avec moi comme il te plaira

Rigole, chante et danse

Oublie la tristesse que tu portes

Ce noeud noir 

Ce vide qui absorbe tout

La lumière du ciel disparaît

Et tu rigoles, chantes dans le noir

Tu danses, te cognes

Tu ne distingues rien

Tu ressens juste le noir

Et les autres t’endendront rire sous la lumière et le soleil

Ils danseront et fêteront avec toi

Pourtant tu seras seul dans le noir 

Eux danseront sous la lumière 

 

Je me souviens des couleurs

Elles peuplent mes cauchemars

Je me heurte aux couleurs

Elles me hantent

Elles me manquent

Vois-tu,

Souvent je les vois

Je les vois naître : être dévorées par le noir

Comme s’alternent le jour et la nuit…

Le noir efface mes mots

Comme s’alternent le jour et la nuit… Je souffre, je ris.

Toujours, je fatigue

Les mains parcourent des kilomètres sur les bords du lit

Les doigts galopent la nuit

Le jour, ils se tordent de joie, se rencontrent et tordent le papier.

Je souris, je parle, je vis.

Les mains déchiquettent

Elles écrivent ce que je ne dis pas, disent ce que je ne pense pas.

Elles remuent le noir.

 

Le noir est effrayant

Il absorbe les couleurs

Il t’absorbe toi aussi

Il m’a absorbé

J’ai appelé à l’aide

Je suis ressortie

Mais le noir s’est ancré dans mes yeux

Le monde

Le monde est devenu noir

 

L’éclat de ténèbre 

Logé dans ma pupille

Altère ma vision

 

On me dit rose

Mais j’entends gris

Et je vois noir

 

J’ai perdu mes repères

J’ai beau pleurer, l’éclat s’est intégré

Je ne verrai plus rose, pas constamment, pas comme avant.

(Je le croyais sincèrement, et pourtant je n'y crois plus. Le noir a donné de la profondeur aux couleurs. J'aime ces trous noirs dans nos yeux.)

 

Et pourtant je retrouve les couleurs

Mes mains s’accrochent à l’extérieur

 

Seulement

Quand un obstacle apparaît

Je trébuche

Et la balle éclate (la balle éclate dans mon œil)

Dans mon œil s’étale le noir

Je te le jure : quand le noir déloge les couleurs, je crois tout perdre à jamais

 

À chaque obstacle

Je crois devenir aveugle

À tout jamais

 

Imagine le froid qui te prend

La peur

Tu ne verras plus jamais les couleurs

Jamais. Jamais. Jamais.

Tu vivras dans le noir 

Tu disparaîtras

Ta personnalité, absorbée

Nous ne te verrions plus

Tu seras ombre

 

Pourtant les couleurs renaissent

Le jour se lève

Et l’ombre s’éloigne 

Pour un temps

Sous le soleil et la lumière.

 

[Octobre 2022]

Les paupières tombent

Les espoirs ont l’habitude de tomber des citronniers

Les « cœurs suspendus » sont si souvent pressés

L’amertume au bout des lèvres

Non

L’acidité aux bords des yeux

 

Une inspiration

Respire, débloque, ouvre ta poitrine, prends le soleil, ancre-toi dans le sol

 

Tu n’as pas le temps de mourir.

Je ne suis pas un saule.

Je suis un citronnier.

Et jamais je ne mourrai.

Non les larmes n’en seront pas. Rien d’autre que de l’acide qui transperce et aveugle les autres.

 

Je suis cet arbre aux milles soleils.

Attends de me voir pousser.

Oui, je me convaincs.

Je vaincs.

Je me vois.

J’irai.

Je deviendrai ce que je suis.

Je sais.

Je me connais.

Je m’accomplis.

Je m’appelle Victoire.

Je suis une étoile.

Une constellation.

Je suis un lion.

 

Les paupières se ferment sur des soleils.

Les paupières palpitent.

Mon cœur papillonne.

J’ai peur.

Je suis portée par la vague.

Sur ma peau

Milles baisers du soleil sur ma peau

La chaleur d’une étreinte qui me laisse espérer.

J’ai peur certes

Toujours

Jusque maintenant

J’avais peur

J’ai peur de ce changement où je n’ai plus peur.

Je n’ai juste plus le temps.

Ici, le temps n’existe pas.

Le temps est flou, le temps passe.

Le temps passe.

Le temps est passé.

Nous n’avons pas le temps de mourir.

Nous ne pouvons que vivre ces jours verticaux.

Et à l’horizontale nous rêvons la nuit.

Sur mon lit je meure à l’habitude, se déferlent les démons, reviennent les flux.

Le jour, je suis Soleil.

La nuit, je suis Ombre.

Je ne suis plus.

Je ne suis pas.

Je n’ai jamais.

Et jamais ne viendra le Soleil.

Je le sais. Je le sais. 

 

Je le sais.

Puisque c’est la nuit que j’écris.

Le jour est une illusion.

Voyons, tu sais : tu as peur, tu es stressée.

Et pourtant je n’y crois plus.

Les ténèbres sont contaminés par la Lumière. 

Je ne suis pas : j’ai toujours été.

Je découvre que tout a déjà été écrit.

Prémonition autoréalisatrice ? 

Instinct intime ?

Dites-moi ô astres ?

(Oui, dites-moi, femmes changeantes, ce que mon cœur a d’acide.)

Dites-moi mon avenir.

Confirmez-vous mes certitudes ?

Sur le fil, je vacille entre le doute et la conviction.

L’espoir est acide.

À qui sont ces soleils mourants écrasés sur le sol, dégoulinant de lumière et de rancoeur ?

 

[Novembre 2022]

« Les yeux que l’on ferme voient encore »

Tu parlais de la mort.

Pourtant, cette nuit, tandis que chacun dort

Mes yeux clos voient encore.

Vivais-tu l’insomnie Prudhomme ?

Car je la lis entre tes mots :

« Et le soleil se lève encore. »

 

Œil éclaté, œil décomposé tu coules

Pourquoi ne te reposes-tu pas ?

La nuit œil rêveur, le jour observateur,

Toujours en ton iris se forment des couleurs

Tu peins notre mémoire, tu peins sans vraiment voir

Tu glisses sur les choses, tu ne graves pas tu n’oses

À jamais nous marquer

Et nous rêvons la nuit, et nous rêvons le jour.

Je ne dors plus la nuit, j’ai trop de rêves en cours, en cours

Je dors, j’écoute et je dessine

Les spectres qui hantent mes nuit.

Œil ardent, tu pleures. 

Le repos te refuse.

On s’éclate sur les écrans, œil je m’use.

 (Muse terrible, Nox, tu te joue de nous.)

 

Quand tomberas le jour, la tête j’aurai coupée

Les yeux tombés à terre, je dors comme une poupée.

 

Je plonge dans le sommeil, ne coule jamais assez

Lors tu taches le jour, de ton encre noire, l'or du soir.

Œil tu te joues de moi.

Les trésors de la nuit encombrent tes paupières.

Jamais tu ne les fermes.

Et jamais ne les vois-je.

Œil j’ai mal, et nous pleurons ensemble

Le matin je le vois.

La lumière nous attend.

Et le jour sur les doigts,

Œil, mon roi, nous mourrons.

 

[Décembre 2022]

Je ne peux plus dormir

Les mots sont trop précieux

 

Alors que mes yeux brûlent

Je n’ai pas d’autre choix

Que la rétine sur le papier

Et sur l’écran s’éclatent mes mots. 

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L'écume des rêves
  • Nos mots dansent. Leurs pas dessinent un océan de pensées, leurs chorégraphies sont l'aboutissement de vagues de réflexion et de sentiments. Nos mots dansent. Les miens sont l'écume de mes rêves.
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