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L'écume des rêves
11 juin 2022

À Marie

Autre cliché, je fixe dans ma mémoire la naissance d’un bourgeon. Le monde s’est effacé, c’est une déesse qui se meut devant mes yeux. C’est presque une nixe qui me dit de la regarder. Et je la suis. Et je sombre. Je renais, je la connais. Quelqu’un d’autre la veut, quelqu’un que j’apprécie, mais il est trop tard. Comment dire à cette autre victime ? Le charme est irréversible, et je suis cette sirène. Sur la piste, elle me taquine par sa légèreté. Précisons que nous ne touchons pas le sol, elle s’envole et j’effleure le sol. Nos patins se rejoignent quelques fois, je la touche, elle sourit et jamais je ne pourrai la lâcher du regard. Cet ange dont je causerai bientôt la chute. Je rampe, je me sens infecte. (Détache toi Victoria, n’évoque que les faits.) Je me suis fait rejeté, par une rose lointaine. Une rose que je protégeais particulièrement, une rose hautaine mais attachante, une rose qui ne veut que l’inaccessible et qui ne voudra jamais de moi quand je voudrai d’elle, une rose que je voudrai détruire. J’ai quitté mon étoile, tant mieux, adieu les illusions. Mais la chute est douloureuse et, sur Terre, je ne me vois plus que serpent. J’aimerais protéger ce nouveau bourgeon. J’aimerais le dévorer. Oh Marie, si tu connaissais mes intentions, me laisserais-tu t’approcher ? Je me sens toxique, je veux dire à l’amie que je ne résisterai point. Marie, quelques secondes sur tes patins et le monde s’efface. Marie, tu souries quand je m’approches, tu dis mon poison remède et je voudrais mourir pour te voir grandir.

Marie, je veux essayer ; ce malgré tout le mal que je cause, pour tout ce mal que je cause ; je ne sais plus, je veux seulement te voir.

 

Un cliché de nouveau, Marie vole moi mes souvenirs. Marie, sauve moi de la compassion. Je veux retourner au monde effacé, aux patins, à tes yeux. Un être cher qui s’éteint, quelqu’un lui a déjà volé ses souvenirs Marie. De grand-père à enfant, Alzheimer fait des ravages. Emporte moi loin de cette réalité qui me perfore, je voudrais le retrouver, revenir en primaire et lui tenir la main sur le chemin de la maison, après l’école. Qu’il retrouve sa liberté, sa conscience. Qu’il retrouve sa famille et ses souvenirs. Que la nostalgie ne l’ait pas envahi pour faire régner chez lui et ma mamie le désespoir. Que je n’ai jamais vu leurs larmes et saisi leurs mots doux, comme s’en délecte la maladie qui les sépare. Oh Marie, je ne sais pas si je t’aime, mais je veux te revoir. Toi et le monde effacé.

 

 

Marie, je ne priais pas dans la chapelle.

Je prie maintenant,

Marie, libère moi du temps.

 

Marie, je prie encore.

En l’absence de toi,

En d’autres bras je dors.

 

Marie, sauve moi du sommeil.

                                                                                 Efface moi du monde.

 

Marie, un sourire de ta part et mon cœur fond.

Mon cœur de lave, le prendras-tu dans tes mains ?

Ma jeunesse se dessine avec toi.

Tes regards me dessinent.

Marie, regarde moi.

Si je pouvais capturer tes yeux… Ils ne me suffiraient pas, je veux tout ton être, ta grâce insaisissable qui pourtant, pourtant, semble bien vouloir me laisser t’approcher.

Marie, es-tu plus qu’un mirage ?

Marie, je crois que tu m’ignores mais, si je t’approche, la lumière envahie ton visage.

Marie, envahie moi.

 

J’espère que tu ne m’en voudras point, écrire à ton égard sans permission.

                                                                                                    Saisir un peu de ton essence,

                                                                                                    Caresser tes traits,

                                                                                                    Est un délice. 

 

Je relis quelques mots, je chante.

Je t’oublie enfin, je regarde devant moi et le piano, mon reflet, je la regarde elle qui m’accompagne et m’aide, son sourire décontracté.

On parle de toi.

Tu es là.

La porte se referme.

Tu es là.

Tu es là.

Ta voix s’élève.

Tes yeux croisent à peine les miens.

Ta voix s’élève.

Les notes résonnent.

Sur la pierre, des fleurs, des feuilles d’acanthe sont gravées.

Une croix est ici accrochée, au dessus du piano, au dessus de nous.

Marie, toi tu es là.

Tout en douceur et en sourire. Tout en grâce, et tout aussi inaccessible.

 

Toujours de loin, mais toujours là.

Toujours envoûtante.

Marie roller. Marie timide. Marie à talons. Aujourd’hui, Marie chanson.

Marie dos à moi.

Je n’existe pas, plus. Ai-je un jour existé à tes yeux ? Tes qui m’ont tant modelé regardaient-ils plus loin ?

Et cette voix qui est la mienne, silencieuse, restera-t-elle là ?

Encore une fois, tu t’envoles. Et je lève la tête.

Et je baisse les yeux. Sur mes pauvres écrits, où jamais les tiens ne se poseront.

Marie, je te vois et pourtant je sais qu’il n’y aura rien. Plus le temps, pas le moment, je m’en vais et toi aussi. Je ne sais pas où je vais mais je m’en vais. Sur tes dernières notes je m’en vais. Toi tu t’en vas sur mes derniers mots.

Adieu Marie.

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  • Nos mots dansent. Leurs pas dessinent un océan de pensées, leurs chorégraphies sont l'aboutissement de vagues de réflexion et de sentiments. Nos mots dansent. Les miens sont l'écume de mes rêves.
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