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L'écume des rêves
10 juin 2022

Disque cassé

[Les spectres du passé]

 On cherche une sortie, une fin.

Nous voulons tous sortir du désespoir.

Je cherche, tu […], ils chercheront une fin à ce tunnel long et sans lumière.

L'obscurité dévore ma lumière.

Nous cherchons dans le noir.

Une réponse, à peine...

 

(Je me demandais alors : Mais que disait-Apollinaire ? Je l'écrivais, je pensais à « Marie ».)

Mais que disait-Apollinaire ?

 

(Je constatais plus tard dans la journée : derrière nous sont trop nombreux les poètes passés.)

Mais derrière nous se rassemblent des spectres.

Souvenirs et appréhensions encombrent tous nos sens.

Et plus rien n'a de sens.

 

(J'aimerais te dire comme j'ai cherché, comme ici plus rien n'a de sens.)

 Mais l'on cherche.

 

(Autre feuille)

 

Nous cherchons la lumière,

J'ai cherché, je promets.

 

Trop chanté, je vomis tous leurs airs.

 (Tous leurs airs, je vomis.)

 

Je me vole à mains nues.

J'extraie, j'arrache de ma gorge.

Je broie cette lumière,

Je crache ces sentiments,

Je dégueule cette perfection

qui me perforent.

 

(Je pleurais.)

Je pleure.

  

[Poésie dramatique]

Tu es ici mais tu ne sais pas pourquoi.

Tu ne veux pas.

Tu as peur.

 

(C'était un atelier d'écriture, deux contraintes : saturation du pronom « tu » et lettre à un personnage.)

 

Tu es né sur la feuille, tu es né tout court.

Tu es né et tu dois maintenant jouer

jouer un rôle

un rôle sans savoir pourquoi.

Faire passer les actes sur cette grande scène.

(The world is your stage.)

 

On te scrute, on te note, on te juge ; tu es né, noté, noué.

 

(Je jette les mots. Je supprime, je méprise, je scalpe sans pitié.)

 

Tes gestes sont chorégraphie.

La société est ta comédie.

Les relations sont ficelles, tout lien fera de toi une marionnette. Tu joues et on se joue de toi.

sans savoir pourquoi.

Tu joues.

Tu te débats, tu veux savoir. Les ficelles font des noeuds, le masque est fissuré : à force... Tu tombes et te fracasses.

 

(Les répétitions l'écoeurent maintenant.)

 

On te relève et tu joues, encore.

Tu es né, on t'a déjà tué.

Encore...

Déjà tué...

 

(Autre feuille)

 

Alors tu chantes, le théâtre devient opéra.

Arlequin devient Orphée, et tu chantes et tu pleures.

Tu regardes les autres, tu les notes, tu as peur.

 

(Pourquoi te sens-tu hors de toi Victoria ? Quel est ce dialogue ? Qui écris si ce n'est pas toi ?)

moi ?)

 

Dans cette gigantesque farce, je crois que chacun se meurt. 

Et tu chantes des airs.

 

 [Changer]

Orphée ne suffit plus.

Arlequin joue trop, il y a longtemps.

Aujourd’hui, je serai photographe.

Je capterai les regards avec ce je-ne-sais-quoi qu’il me faudra décrire et retranscrire (je ne veux pas changer d’art). Je me découvrirai une nouvelle voix - non - de nouveaux sens, de nouveaux yeux, un nouveau regard.

À bas ma subjectivité, mes émotions, mon pessimisme.

Aujourd’hui, je suis journaliste.

 (Arlequin n'est pas « loin », j'étais toujours Arlequin. Dès que je sors, on se fait comédien.)

 

Hui, il me faut une pause Orphée, je ne suis pas comme toi, je n’ai pas l’énergie de mourir tout une vie. Je ne suis pas divine comme toi, je n'en peux plus des larmes.

La souffrance m’a rendue insensible.

Orphée, laisse moi trouver la liberté.

un nouveau chemin, des origines, une propre pensée.

 (Je pensais Odyssée, une quête de sens contre l'univers entier.

Je pensais aux aïeux et à mon style usé, entendu à outrance, me dégoute maintenant.)

 

Je me détache des voiles de la douleur.

Je ne veux plus aucun filtre à mon objectif.

Dès lors je retranscrirai les choses telles qu’elles m’apparaissent, sans les romancer.

Sans les romancer plus qu’elles ne le sont déjà car mon objectif ne sera jamais objectif.

Mes yeux toujours renonceront à un objet d’attention pour en observer un autre.

Mon oeuvre toujours portera mon identité.

Orphée, je te quitte pour mieux te retrouver. (Peut-être quelqu'un d'autre ?)

 

Je te présente donc quelques clichés :

 (Peut-être tourner la page, ne trouves-tu pas cette partie un peu longue ?)

 Beau souvenir des années au lycée, il s’agit des élèves dans la chapelle, bercés de piano, de silence et de respect, de légers chuchotis ; et tous ces Terminales - à côté la lueur des bougies - écrivaient à leur futur soi. Des yeux captent la scène du fond de la salle, un personnage isolé mais accompagné, et de l’attendrissement montait en flot de sa poitrine. Les élèves écrivaient comme ils pouvaient sur les bancs, s’agenouillaient, se concentraient. Elle faisait de même, elle respirait, elle interrogeait et on ne lui répondait pas. Victoria te demande des comptes Victoria, elle te demande des choses que tu n'auras certainement pas accomplies, en seulement un an. Il est long de grandir. Décentrons l'objectif. Mais je te demandais des comptes. Décentrons l'objectif. L’ambiance était donc chaleureuse et la teinte de la photographie est « intense et chaud » selon le jargon de mon téléphone. Les filtres de mes yeux ont-ils aussi des titres ? Je nommerais celui-ci « Façon bougie ».

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  • Nos mots dansent. Leurs pas dessinent un océan de pensées, leurs chorégraphies sont l'aboutissement de vagues de réflexion et de sentiments. Nos mots dansent. Les miens sont l'écume de mes rêves.
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